Blue Jean: comprendre l’homophobie d’Etat

C’est un merveilleux de film de nuances et zones grises pour expliquer les turbulences que provoquent une loi et une société homophones.

La difficulté d’être soi. La tentation de se cacher voire de se renier. Pour chercher à se protéger à survivre.

Jean enseigne le sport dans un lycée alors que Thatcher promeut une loi interdisant la promotion de l’homosexualité.

Elle est obligée de mentir. Voire de dénoncer une élève qui a embrassé une autre élève. Elle reçoit comme reproche de ne pas donner un modèle à une élève lesbienne.

D’un côté on trouve son attention critiquable. De l’autre on comprend qu’elle cache une souffrance celle d’être obligée de se cacher par la société. Un film fin qui montre le vécu sous une homophobie d’Etat.

Blue Jean est un film de Georgia Oakley

Mexique, vivre , créer face à la corruption et au féminicide

 » Le Mexique n’a pas connu de dictature comme ses voisins’.

J’entends cette phrase dans les émissions sur le Mexique.

La barbarie et  l’horreur n’ont pourtant pas  épargné les habitants de ce pays. Et les habitantes.

Une guerre sans pitié des narcotrafiquants.

Une corruption qui entraîne l’impunité. Et donc des crimes. 

Dans le film  » noche de fuego » de Tatiana Huezo, les mères élèvent leurs filles dans la peur des narcotrafiquants. Elles les déguisent en garçons de peur qu’elles soient enlevées.

Régulièrement, la violence surgit. Des narcotrafiquants débarquent et descendent quelqu’un puis s’en vont. Les assassinats sont des routines.

Gare à ceux qui fouillent les dessous des affaires sales.  Le Mexique est un des pays les plus dangereux pour les journalistes.

Depuis 2000, 150 journalistes ont été tués au Mexique

Parmi lesquels José Carlos González Herrera le 15 mai dernier.  Il passait par la satire pour informer sur la corruption, les violences d’Etat, les crimes organisés sur son site  » El Guerrero  Opinión Ciudadana « .

Le féminicide l’autre fléau du Mexique .

10 femmes sont tuées par jour au Mexique.

Ciudad Juarez une ville symbole de cette féminicide.  De 1993 à 2013, 1441 femmes ont été assassinées à Ciudad Juarez.

Émotion alors dans ce pays où des machos veulent la disparition des femmes de voir une femme élue présidente de la République Claudia  Sheinbaum depuis 2024

Émotion face à cette chanson : canción sin miedo.

Cette chanson me donne les frissons
Un vrai cri de révolte contre le féminicide horrible au Mexique depuis des années.

Pensant à ces terribles croix de Ciudad Juarez où plus de milles femmes ont été enlevées violées assassinées.

Les mots donnent des frissons car je sais qu’ils parlent d’une réalité.

J’imagine ce que peut ressentir une femme qui a perdu sa fille, sa sœur ou sa mère ou son amie écouter cette chanson. 

Cette chanson sait mettre les mots qu’on voudrait dire à toutes ces femmes.

Et aux machos pour qui la vie d’une femme ne vaut rien sur laquelle ils se défoulent,  la sororité est là.

Un magnifique hymne

Il faudrait aussi inventer une autre chanson dédiée à las patronas.

Des femmes qui préparent des colis alimentaire à destination des migrants qui prennent  » la bestia » train qui va vers les États-Unis.

Quelques références qui ont inspiré cet article :

Le documentaire noche de fuego de Tatiana Huesso

Le documentaire llevate mis amores d’Arturo González Villaseñor

Le challat de Tunis, dénoncer le harcèlement contre les femmes avant #MeToo

Des hommes à moto blafardaient les femmes dans la rue . C’était en 2003

De ce fait divers , la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania réalise un  » documenteur  » mêlant documentaire et fiction enquête sur les traces de ces hommes .

 » Le challat de Tunis « 

Elle interroge également le rapport hommes et femmes  après la révolution tunisienne.

Elle aborde un problème qui empoisonne la vie des femmes tunisiennes: le harcèlement de rue des femmes.

Après avoir observé avec effarement les pratiques voyous d’hommes qui blessent au couteau des femmes coupable de trop montrer leurs corps.

Après avoir soupiré face aux explications conservatrices et rétrogrades d’hommes de leur morale : la violence qui arrive aux femmes c’est leur faute elles n’ont qu’à bien s’habiller.

Qu’importe si ces hommes si choqués de trop voir le corps des femmes dans la rue collectionnent et mâtent les magazines et posters de femmes nues. On n’est pas à une contradiction machiste prêt.

Dans une salle de jeu où des hommes s’amusent derrière leur écran à être un motard virtuel qui enchaîne les attaques aux couteaux de femmes, une femme surgit : Asma Hammi.

Elle se pointe devant ces hommes et leur dit :

Vous n’avez pas le droit d’apprendre aux jeunes et moins jeunes à travers ce jeu vidéo l’idée que c’est normal d’agresser une femme dans la rue parce que sa tenue ne convient pas.

Ces hommes explosent de colère et de rage.

Mais rien n’y fait.

Rien ne fait peur et n’arrête cette femme.

Elle les menace de porter plainte.

On pense alors à toutes les femmes victimes de ces hommes.

A ce moment là Asma Hammi est une héroïne, une résistante .

Mauvais nouvelle pour tous les machos.

Partout dans le monde, ils trouveront toujours des femmes qui leur tiendront tête, qui affirmeront leur droit et leur liberté.

Capharnaum:la révolte d’une enfant de rue

« Je veux porter plainte contre mes parents . Je voudrais que les adultes m’écoutent. Je veux que les adultes incapables d’élever des enfants n’en aient pas.De quoi je vais me souvenir ? De la violence,des insultes ou des coups,de la chaîne,du tuyau ou de la ceinture? Le mot le plus tendre qu’on me dit, c’est : » Dégage,fils de pute! » Casse-toi ordure! » La vie est une grosse merde. Elle ne vaut pas mieux que ma chaussure. Je vis en enfer,ici.Je brûle comme de la viande cramée. »

C’est cri de révolte d’un enfant de rue. Le voici devant endosser le rôle d’un adulte pour s’occuper d’ un autre enfant migrant.

Alors il porte plainte contre ses parents pour l’ avoir mit au monde dans cette vie injuste et dure.

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Un road movie urbain politique et social.

Un joli film de Nadine Labaki

La révolution silencieuse: jeunes et rebelles

C’est une classe qui n’a pas besoin d un John Keating joué par Robin Williams dans le cercle des poètes disparus pour affirmer sa liberté.Elle la prend et elle apprend à s’en servir.

Imre Nagy prend la tête du gouvernement hongrois et décrète la fin du parti unique et la sortie du Pacte de Varsovie.Ses décisions font naître dans l’ensemble du bloc soviétique l’espoir d’une démocratisation du communisme. Mais le 4 novembre 1956, les chars soviétiques entrent dans Budapest.

Le 4 novembre 1956, les chars soviétiques entrent dans Budapest. La rébellion est définitivement écrasée le 15 novembre. Étant l’un des partis les plus staliniens du bloc soviétique.

Auparavant, le 17 juin 1953 a lieu le premier soulèvement du bloc soviétique initié par des ouvriers. Rejoints par la population, ils réclament plus de pluralisme, la libération des prisonniers politiques et l’organisation des élections libres. Cette révolte est durement réprimée: intervention des chars soviétiques, envoie des plusieurs personnalités au goulag, disparitions et assassinats d’opposants.

Le cinéaste Lars Kraume continue à explorer l’Histoire de l’Allemagne après son film précédent sur Frantz Bauer. Avec la révolution silencieuse, il s’intéresse à une épisode d’avant la construction du Mur de Berlin.

Une classe de baccalauréat en RDA est choquée par la répression à Budapest et décide de faire deux minutes de silence en hommage aux victimes.

Pour se protéger elle va prétexter collectivement que c’est pour le footballer Ferenc Puskás. Pensant bien faire c’est pourtant ce qui va la piéger lorsque l’enquête va se mettre en place pour savoir qui était à l’origine de cette minute de silence. Car sa mort n’a été annoncé que par la RIAS( Rundfunk im amerikanischen Sektor) la radio de Berlin-Ouest dans le régime socialiste interdit l’écoute depuis la fin des années quarante.

Les fake news et la bataille d’information mêlée à une idéologie ne date pas d’aujourd’hui. Selon le réalisateur, un film historique doit parler à l’époque d’aujourd’hui.

Chaque camps utilise le passé pour discréditer ses opposants.

Le régime accuse les soutiens aux mouvements de Budapest d’être du côté des fascistes.

Théo; un des élèves accuse le directeur d’utiliser les mêmes méthodes que la Gestapo.

Madame Kessler directrice du conseil éducatif monte les élèves les uns contre les autres en montrant une photo dans laquelle le père de l’un a pendu le père de l’autre à la fin de la guerre. Elle menace de faire publier l’info dans le journal s’il refuse de donner le coupable qui a donné l’idée des minutes de silence

Malgré la violente manipulation, les jeunes ne cèdent pas . Chaque fois, ils délibèrent ensemble des idées, ils votent puis ils appliquent les décisions. Aux interrogatoires, tous sortent les mêmes réponses.

C’est un film qui montre la force de la solidarité

 

 

Alias Maria: être une femme et un enfant-soldat dans la guérilla colombienne.

Un film qui parle de guerre et qui commence par une première scène où une femme accouche.  Mais c’est dans la jungle au milieu de la guérilla. Cette femme doit confier son bébé à l’héroïne qui  a la mission de le mettre à l’abri. C’est un traitement de faveur pour une femme du commandant. Car les autres femmes ont l’obligation d’avorter.

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Dans cette jungle, il est interdit aux femmes de donner la vie. C’est la guerre. En permanence, la fuite des paramilitaires et de l’armée colombienne.

Ici, la guerre n’est pas un jeu pour les enfants. C’est une réalité. Ils sont enrôlés. Et il n’y a pas de mesure d’indulgence parce qu’ils sont des enfants . Ils ont la même vie dure que les adultes.

C’est sans compter sur la force morale de l’héroïne Maria jouée par Karen Torres. Elle est une adolescente. Elle est enceinte. Elle ne veut pas avorter. Elle cache sa grossesse. Et quand son compagnon d’arme découvre sa situation et veut la forcer à avorter, elle s’enfuit.

Elle survit à la dangerosité de la jungle et à la dureté des règles de la guérilla. Et l’absurdité de ces règles qui conduit la guérilla à s’entretuer. Ils sont leur propre danger, menace.

Le film n’est pas tendre non plus avec les paramilitaires qui font des descentes meurtrières dans des villages.

Ici, la population civile est coincée entre plusieurs feux. Soupçonnée d’être un soutien d’un camps ou d’un autre, elle subit les conséquences tragiques, la folie meurtrière. Ces moments où la raison fout le camps des uns et des autres.

Ici, il  est plus facile de mourir que de donner la vie.

Alias Maria est le deuxième long-métrage de José Luis Rugeles après Garcia. Pour le préparer, il a interviewé des femmes enfants qui ont rejoint la guérilla. La plupart d’entre elles ont été enceintes et ont été obligées d’avorter. Il a écrit le scénario avec une ancienne guérillera.

Le réalisateur a fondé l’association « Más Niños Menos Alias » pour empêcher que des enfants soient enrôlés, une campagne pour sensibiliser sur la réalité des enfants soldats.

 

 

Les suffragettes:un film pour rappeler leur histoire

L’héroïne fil conductrice du film « Suffragette » réalisée par Sarah Gavron, Maud, est un personnage inventé mais  son itinéraire résume la vraie histoire des suffragettes. En axant sur une anonyme ouvrière, le film montre comment un mouvement collectif est animé par des volontés individuelles

Le point important du film, c’est qu’il ne montre pas seulement la participation des femmes de la classe aisée dans la lutte, mais aussi de la classe ouvrière. Il y avait une alliance entre classes sociales

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Dans cette révolution industrielle, les ouvrières travaillaient à plein temps mais elles n’avaient aucun droit politique. Elles appartenaient à leur mari. On considérait qu’elles étaient représentées à travers le vote de leur mari. Elles n’avaient pas de droit sur les enfants. En ce temps là en Angleterre, c’était le suffrage censitaire masculin.

Le film montre les divisions sur les moyens d’actions.  Une première phase pacifique fait de plaidoyer envers les élus. Le droit est refusé. La manifestation est réprimée violemment. Des manifestantes sont emprisonnées. Le retour chez les maris  » lâchez les, les maris sauront s’en occuper » dit un policier. La pression de ce que dit-on. Ah ne pas savoir contrôler sa femme, ne pas savoir la faire taire, quel honte pour la virilité de l’homme.  Alors pour décrédibiliser leur revendication, on les traite de folles. Cela  rappelle la phrase de Rebecca West: « Je n’ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c’est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson »

Mais sur leur visage on voit la détermination. De retour de prison à l’usine, elles recommencent à revendiquer le droit des votes. Les barreaux de prison n’ont pas affaibli leur volonté de lutter. La cause juste les font tenir. Elle les mènent sans limite dans leur action.
Emmeline Pankhurst invite la foule qui la suit à passer à des actes violentes pour se faire entendre. Cela divise. Certaines ne veulent pas suivre. D’autres comme l’héroïne Maud se laisse convaincre. Pas sans conséquence. Elle est chassée  par son mari qui lui interdit de revoir son fils.  En ce temps là, une mère n’a aucun droit sur son enfant.
Résultat de recherche d'images pour "Emmeline Pankhurst"Emmeline Pankhurst

Le film souligne à travers le couple de pharmaciens que des hommes ont soutenu la cause de leur femme.

Alors en avant les actes les plus visibles, faire sauter des boîtes à lettre ou la maison inhabitée du premier ministre.

Emprisonnées, elles font la grève de la faim. Elles subissent des repas forcés. Ce mauvais traitement fait scandale. Jean Jaurès et Marie Curie ont fait part de leur protestation.

L’entêtement de la police ne réussira pas à déjouer la marche en avant vers l’égalité même si elle se fait au prix d’humiliations, de violences, d’une mort.

Emily Davison meurt le 4 juin 1913 lors d’une course de chevaux en tentant d’arrêter le cheval du roi.  Ses funérailles sont considérées comme un des plus grand rassemblement féministe. La grande manifestation funéraire qui lui rend hommage est un moment fort de démonstration pour le suffrage des femmes en rassemblant entre 250 000 et 300 000 personnes. Cet évènement a  un retentissement international. Il a fallu d’une mort pour que le mouvement en faveur du droit de vote des femmes devienne visible.

https://www.youtube.com/watch?v=-G4fJ9I_wQg

En 1918, le droit de vote est accordé aux femmes de plus de 30 ans. Il faut attendre 1928 pour établir l’égalité femmes-hommes.

C’est la productrice Alison Owen qui a proposé de faire ce film à la réalisatrice Sarah Gavron. Carey Mulligan jouant le principal est très émouvante.

La courte apparition de Meryl Streep jouant pourtant l’incontournable Emmeline Pankhurst souligne bien la volonté de montrer que ce mouvement rassemblait des femmes de toutes les classes sociales et qu’en matière de lutte, l’anonyme est aussi louable que la leader. Suivre la base militante plutôt que la leader.

Le fait qu’Helena Bonham Carter participe à ce film en tant que suffragette est une jolie ironie de l’Histoire. En effet, elle est descendante du premier ministre Herbert Asquith qui a refusé d’accorder le droit de vote aux femmes et qui a sévèrement réprimé les militantes.

La sortie de ce film a eu une polémique: celle de l’oubli de mentionner la présence de femmes indiennes.

Comme la princesse Sophia Duleep Singh, fille de Maharaja Duleep Singh qui a été membre de l’Union sociale et politique des femmes. Elle a marché aux côtés d’Emmeline Pankhurst, le 18 Novembre 1910, à une manifestation musclée de 400 personnes connue depuis sous le nom de « Black Friday ».

 

Après une telle claque, je ne me lèverai plus jamais un dimanche matin d’élections en me demandant s’il est nécessaire d‘aller voter. » Claire Renoulin Elle